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N° 29 / N° 663 Une histoire qu’il n’est pas inutile de rappeler
___Instrumentalisation de l’antiracisme : une idée "géniale" devenue aujourd’hui diabolique

jeudi 1er juin 2017.

Il faut lire d’abord l’article de Wikipedia actuellement en ligne : "SOS Racisme est née dans un contexte particulier. En effet, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, la France s’aperçoit que les populations nord-africaine et subsaharienne qui vivent sur son territoire et y ont refait leur vie vont s’inscrire durablement dans la réalité française. Des violences policières sont à l’origine de la Marche pour l’égalité et contre le racisme. En outre, la crise économique et sociale crée un contexte de tension propice aux réactions de rejet. La grève menée de l’usine automobile Talbot de Poissy (PSA) verra des affrontements entre des non-grévistes et grévistes immigrés.

Enfin à l’automne 1983 des adhérents et sympathisants du Parti socialiste participent à des « dimanches noirs » qui voient des batailles rangées entre les militants FN et les organisations d’extrême gauche à la suite d’élections municipales partielles dans des villes de gauche qui connaissaient une montée du vote FN".

Puis lire l’article ci-dessous :

Alors que la - Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme - existe depuis 1932 avec pour sigle LICA puis à partir de 1979 le sigle LICRA, alors que le - Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples - (MRAP) existe depuis 1949 sous la présidence d’un membre du PCF, on apprit le 15 octobre 1984 que des cercles proches du Parti socialiste venaient de créer une nouvelle association antiraciste qu’ils appelaient : -SOS Racisme -. On sait aujourd’hui que cette nouvelle association fut créée, avec la bénédiction de François MITTERRAND qui avait prévu d’instrumentaliser politiquement cette nouvelle association antiraciste, à son service et au service du Parti socialiste.

Pour tous ceux qui n’ont pas vécu cette période, il faut rappeler la situation politique dans lequel est apparu SOS Racisme. En octobre 1984 la cote de popularité [1] du président de la République est telle qu’il devient évident que les prochaines échéances électorales lui seront défavorables. Après les élections municipales de 1983, après les européennes de 1984, il est acquis pour la plupart des observateurs politiques que la gauche de gouvernement perdra les élections législatives de 1986 et que François MITTERRAND devra, soit démissionner comme le général DE GAULLE, soit accepter une cohabitation problématique pour son éventuelle réélection en 1988.

C’est dans ce contexte que SOS Racisme se vit assigné deux missions, encadrer la colère naissante des banlieues, consécutive à la marche des Beurs, et détourner celle des électeurs de gauche qui se sentaient trahi depuis 1983 et plus encore depuis le changement de gouvernement de juillet 1984.

Bien que contesté par quelques auteurs, le stratagème mis en place par François MITTERRAND peut être facilement reconstitué à la lumière de faits incontestables. Le 13 février 1984, Jean-Marie LE PEN était invité pour la première fois à L’Heure de vérité, à la demande pressante de la présidence de la République. Trois mois après, à l’occasion des élections européennes, le Front national faisait une incroyable percée électorale, en passant de scores ridicules, souvent inférieurs à 1%, à 10,95 % des voix.

Ce résultat électoral offrait au président de la République l’opportunité de mettre en place, contre la droite, la machine de guerre dont il avait rêvé. Restait à instrumentaliser finement et durablement le vote Front national. C’est ce que fit avec d’indéniables succès SOS Racisme s’arrogeant le privilège exorbitant, en démocratie, de dire le bien et le mal. C’est ce que firent les élus socialistes en votant la proportionnelle intégrale, accompagné d’une hausse du nombre de députés de 491 à 577.

L’Histoire a montré que le calcul de François MITTERRAND était efficace. Le scrutin proportionnel empêcha en 1986 la droite d’avoir une écrasante majorité, l’obligea à une difficile cohabitation et permit au président sortant de se faire réélire en 1988.

Les socialistes savaient d’expérience que l’impossibilité qu’eut la gauche d’additionner toutes ses voix, en raison de la spécificité du vote communiste, avait été pour la droite un avantage électoral considérable, pendant des années. C’est pourquoi la gauche pouvait penser que, grâce au vote Front national, elle allait à son tour bénéficier d’un avantage électoral symétrique, en jetant un interdit sur toute alliance entre la droite dite républicaine et la droite extrême.

Pour que l’interdit fonctionne il fallait qu’un sévère opprobre fut jeté sur tous ceux qui avaient, ou auraient, la faiblesse de voter pour le Front national. Une grande partie de la gauche sociale se transforma ainsi en gauche moralisatrice, donneuse de leçons, apparaissant de la sorte plus préoccupée d’antiracisme que de justice sociale, délaissant la lutte des classes pour la promotion d’une vertu quasi évangélique, sommant tout un chacun d’aimer l’étranger comme soi-même.

Pour que la posture anti Front national reste durablement gagnante pour la gauche il eut fallu que les votes en plus pour le Front national soient surtout des votes en moins pour la droite traditionnelle.

Or en 2014, à la suite des dernières élections (municipales et européennes) il n’est plus possible de nier la réalité, le Front national a réussi, tout en gardant son électorat provenant de la droite et de l’extrême-droite classiques, à fidéliser des pans entiers de l’électorat provenant de la gauche, notamment communiste.

Ainsi le stratagème de François MITTERRAND, que nombre d’analystes ont salué comme ayant été génial, s’avère aujourd’hui diabolique.

[1] Cote de popularité de François MITTERRAND : http://www.mitterrand.org/1981-1986...



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